Aziza Harmel a grandi à Tunis où elle étudie les arts et métiers à DenDen avant de partir aux Pays-Bas pour poursuivre un bachelor en design graphique à l'Académie Royale des Arts de la Haye et un master en beaux-arts au prestigieux Dutch Art Institute. Une fois sur place, elle s’intéresse au commissariat. Avec l'institution Casco à Utrecht, elle travaille sur les archives du parti communiste tunisien : un sujet qui lui tient personnellement à cœur, concrétisé par la publication de They have thrown the scouts in the sea mais aussi par un projet d'exposition commun.
À travers la publication d’Ayna, elle poursuit son exploration du domestique et de la violence inhérente au vivre ensemble. Pour Aziza, le travail éditorial s'inscrit dans la continuité de la démarche du commissaire d'exposition. Si elle s'est investie dans le commissariat c'est essentiellement par amour pour l'écriture, l'histoire et la recherche.
Elle assiste notamment le commissariat de la « documenta » entre Cassel et Athènes, auquel elle se consacre durant ces deux dernières années et qu'elle considère comme le projet le plus marquant de sa carrière. "C'est de loin mon expérience la plus intense et enrichissante !", explique-t-elle. "Plus que par les projets personnels, je suis surtout motivée pour travailler avec les artistes qui m'intéressent et les grands commissaires pour des projets assez politisés". Aujourd'hui de retour à Tunis, elle travaille sur plusieurs expositions comme avec le photographe et collectionneur Adama Sylla dont l'exposition aura lieu pendant le Off de Dakar.
Dans la vie, la jeune femme de 33 ans, est constamment assoiffée de découverte. "J'aime le fait d'être étrangère aux choses. Ce sont les rencontres, des conversations et des échanges qui ont activé mes projets". Son travail est ainsi généralement centré sur les liens qu'elle tisse, comme avec son amie l'artiste tunisienne Yesmine Ben Khelil, dont elle se dit très inspirée, et avec laquelle elle prépare une exposition solo à la rentrée.
Ses citations préférées ? "Ce dont j'ai besoin c'est des histoires, j'ai mis longtemps à le savoir. D'ailleurs je n'en suis pas sûre" de Samuel Beckett et ces vers de Sylvia Plath "une petite lumière filtre des fleurs aquatiques. Les feuilles ne souhaitent pas que nous les dépêchions: elles sont rondes et plates et pleines d'obscurs conseils". Aziza se retrouve à la fois dans le dark et le poétique, se plaisant à questionner le réel, l'importance de l'absence et de l'oubli. Elle se dit très influencée par les films The Haunting de Robert Wise, L'Amour à mort de Resnais ou encore les romans signés Murakami, Roberto Bolaño, Chris Kraus et la poésie de Sylvia Plath.
Pour Jaou, elle relie l'élément « Air » à l'invisible pour questionner les régimes de visibilité dans le domaine artistique et autre. Inspirée par les lieux abandonnés qu'elle a visités, elle s'intéresse notamment à l'appropriation de l'espace.