NOTRE TEMPS, MÊME EN RÊVES - EXPOSITION EN PLEIN AIR

6 OCTOBRE 17H00 I AV HABIB BOURGUIBA

 

TEXTE CURATORIAL :

« Notre temps, même en rêve » est l’affirmation d’une expérience humaine imaginée et incarnée en sept chapitres. Cette exposition réunit soixante artistes et photographes venus du monde entier et d’une pluralité d’horizons, d’expériences, et d’orientations, mais tous impliqués dans la prise et la réalisation des images. L’exposition n’est pas pensée dans et pour les limites habituelles de la galerie, mais se donne plutôt à voir sur deux types d’espaces propres à l’environnement urbain : les panneaux d’affichage et l’artère principale d’une capitale. 

En ce qui concerne les panneaux d’affichage, il s’agit là sans doute de l’une des infrastructures les plus solides pour la diffusion des images dans la ville de Tunis (si l’on ne compte pas l’image numérique omniprésente, qui pose des questions tout à fait différentes). Si l’on considère ces panneaux non plus comme des surfaces où l’on fait passer un message publicitaire ou sur lesquels on manufacture une nostalgie ou un désir pour des objets, des produits, des corps ou des modes de vie, mais bien plutôt comme des espaces de présentation d’œuvres photographiques, alors une série distincte de questions et de paramètres émerge. Celles-ci ont trait à la notion d'espace, à la densité urbaine, à la vitesse de circulation du spectateur et au mode par lequel il a accès à cette vitesse (à l'échelle humaine – à pied ou à vélo – ou à celle de la machine – en voiture, en bus, ou en train.) 

Dans ce contexte, ces œuvres, qui dépeignent, imaginent, critiquent, racontent et abstraient l'expérience incarnée de la vie humaine et des espaces dans lesquels nous naviguons, permettent d’interrompre la circulation habituelle des images dans la ville et créent des moments suspendus de réflexion, d'empathie, de pause ou de questionnement — ne serait-ce que pour un court instant.

L'exposition parallèle, qui se déroule sur une section de l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis, est une affirmation d’un autre genre. Elle condense les images disséminées dans le réseau de panneaux d'affichage en un lieu unique, le long de l'artère centrale de la capitale, qui est elle-même un repère gravé dans l'imaginaire historique collectif. Ici, les œuvres sont regroupées en un réseau dense qui constitue une séquence de sept chapitres formant un récit lâche.

Celui-ci débute par le corps humain et le monde non-humain (ici, la mer occupe une place centrale), pour passer ensuite à l’environnement bâti – villes et infrastructures, avec les délimitations et contraintes qu’on leur connait mais aussi les possibilités qu’elles offrent en termes de vie collective et individuelle, et les imaginaires propres qu’elles charrient. Ensuite, on passe au corps en tant que lieu privilégié du conflit et de la politique, suivi d'une sélection d'œuvres qui mettent en lumière ce qui est peut-être le revers des conflits politiques et sociaux — nos aspiration et nos rêves, entendus à la fois au sens de rêveries mais aussi de nos espoirs, individuels ou collectifs, révolus ou actuels, latents ou exprimés. 

Les trois dernières sections sont caractérisées par leur attention à l’intériorité. La première s’intéresse aux souvenirs et à la mémoire. On passe ensuite à la vie intérieure, avec ses traumatismes mais aussi les possibilités d’imagination qu’elle porte. Enfin, l’ultime section propose une sorte de résolution, car on y on trouve des œuvres qui réfléchissent aux thèmes de la guérison, de la réparation, et de la convalescence.

Ceux qui vont à la rencontre de ces œuvres ne sont pas seulement spectateurs, de la même manière que ceux qui traversent la ville ne peuvent simplement être réduits à une unique caractéristique. Au contraire, la présence de ces œuvres dans nos vies et nos trajectoires quotidiennes, à la fois disséminées dans la ville et rassemblées en son cœur, est une affirmation à la fois de l'immensité de l'expérience humaine incarnée qui façonne et est façonnée par le monde et des possibilités de connexion et de résonance, qui ne sont que plus précieuses car elles sont inattendues.

Karim Sultan

 

ARTISTES : 

Abraham Onoriode Oghobase, Adé9lá Qlágúnjú, Alexander Apostol, Ali Al Shehabi, Almagul Menlibayeva, Amadou Diadié Samassékou, Amina Kadous, Amina Menia, Amir Hazim, Ammar Bouras, Athi-Patra Ruga, Bárbara Wagner & Benjamin de Burca, Bruno Boudjelal, David Graham, Denis Darzacq, Dia Mehhta Bhupal, Erick Meyenberg, Fatema Al Fardan, Fethi Sahraoui, Gabrielle Goliath, Gal Cipreste Marinelli & Rodrigo Masina Pinheiro, Godelive Kabena Kasangati, Hajra Waheed, Hassan Darsi, Ibrahim Ahmed, John Akomfrah, Joiri Minaya, Karrar Nasser, Khalil Nemmaoui, Lamia Joreige, Lara Chahine, Larissa Sansour, Lawrence Abu Hamdan, Leila Alaoui, Marianne Keating, Mahmoud Khattab, Myriam Boulos, Mohamed Zaanoun, Mondher Mejri, Mouna Jemal Siala, Mouna Karray, Nada Harib, Nicolas Righetti, Pieter Hugo, Rahima Gambo, Randa Mirza, Raymond Gemayel, Rehaf Batniji, Sabri Ben Mlouka, Safouane Ben Slama, Seif Kousmate, Shaima Al-Tamimi, Sophia Baraket, Stéphanie Saadé, Tamara Abdulhadi, Tamara Dean, Tanya Traboulsi, Taysir Batniji, Valérie Jouve, Wadi Mhiri, Yasmine Hajji, Yvon Ngassam, Zied Ben Romdhane.

 

SOUS LE COMMISSARIAT DE KARIM SULTAN :

Karim Sultan est curateur à la Fondation Kamel Lazaar depuis 2020, où il a assuré le commissariat de " Seen and Unseen " (2021) et de " Here After " (2022), tous deux à la B7L9 Art Station de KLF à Tunis, de la prochaine édition 2022 de Jaou, ainsi que de nombreux autres projets aux côtés de l'équipe. Il est titulaire d'un master en histoire de l'art et de l'architecture du Birkbeck College, Université de Londres. Outre son travail de conservateur avec KLF, il a également travaillé sur des expositions, des commissariats et des recherches axées sur l'art moderne et contemporain, l'architecture, la musique et le son. Auparavant, il a travaillé en tant que commissaire avec la Barjeel Art Foundation sur des expositions telles que 'Between two rounds of fire, the exile of the sea' (2017) à l'American University Museum, Washington D.C., 'Art moderne et contemporain arabe' (2017, commissaire avec Philippe van Cauteren) à l'Institut du monde Arabe, Paris, et 'The Sea Suspended' (2016) au Musée d'art contemporain de Téhéran, Téhéran. Karim a également présenté des performances de musique et des œuvres audiovisuelles à l'échelle internationale. Il est actuellement basé entre Londres et Tunis. 

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