INJURIER LE SOLEIL - EXPOSITION

7 OCTOBRE 18H30 I 32 BIS

 

TEXTE CURATORIAL :

Il y a parfois ces cris du corps qui nous traversent, radicalement. C’est peut-être l’âme de l’enfant qui cherche encore sa source. Face au corps qui trahit, bouscule, bascule et parfois déshonore, il faut trouver l’astuce. 

Injurier le soleil, c’est-à-dire, sortir hors de soi. Rejoindre l’extase, cette « sorte de petite mort » (Bataille, 1973) ; l’instant de grâce où l’âme s’échappe du corps. C’est là, dans l’interstice, l’entre-deux, l’espace sacré et insaisissable de l’arrachement à soi que se joue la clé de l’existence.  

Ne dit-on pas que c’est en rêve que la nuit les amant.e.s se retrouvent ? Ce doit être le « dja », leur double, qui à la tombée du jour quitte les corps qui sommeillent. 

Ici, alors que s’éveille le printemps, commence la danse des corps qui poussent. Dans un geste d’insoumission, peu à peu, le corps plonge, frémit, trépide, puis s’oublie. L’âme bientôt le renvoie et doucement reprend son souffle. 

Myriam Amri, Margaux Fitoussi, Achref Toumi et Bachir Tayachi donnent à voir à travers trois vidéos ces valses transitoires où l’âme flirte avec le ciel.  

Il y a la ronde, d’abord, des corps adolescents sous le soleil de Tabarka : La Piscine, une ode aux corps qui muent et à l’effloraison des cœurs. 

Plus loin, le récit du saut de l’âme dans l’abysse d’un songe. The Tiger was his protector ; c’est le rêve de la grand-mère éprouvé au creux d’une sieste. 

Il y a, enfin, le flottement du corps lorsque s’annule le présent. Anesthesia, la fugue passagère des sensations. 

Injurier le soleil est une exposition vidéo mettant à l’honneur la jeune création tunisienne. Elle s’inspire et rend hommage aux mots du romancier Ahmadou Kourouma dans En Attendant le vote des bêtes sauvages (1998).

Camille Lévy Sarfati

 

ARTISTES : 

BACHIR TAYACHI, ACHREF TOUMI, MARGAUX FITOUSSI & MYRIAM AMRI

 

SOUS LE COMMISSARIAT DE CAMILLE LÉVY SARFATI :

Camille Lévy Sarfati est autrice, curatrice et réalisatrice. Elle est la directrice artistique du 32bis, nouveau centre d’art contemporain à Tunis. Diplômée de Sciences Po, Paris, elle s’est spécialisée sur la question de l’ethnonationalisme et du fait minoritaire. Installée à Tunis depuis 2018, elle réalise un documentaire sur la construction des mémoires conflictuelles liées à l’histoire juive du pays. Elle est aussi l’autrice de différents textes et articles, publiés notamment dans la Revue des Mondes musulmans et de la Méditerranée. Elle a récemment réalisé le commissariat de l’exposition Can We Sing Together Again, Old Friend? de l'artiste sud-africaine Thania Petersen au 32bis (2022, Tunis). 

 

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